300 ans de saga retracés dans le livre "Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande,
La Passion du Vin"
Sous le regard bienveillant de Voltaire et les hauts plafonds des salons lambrissés de la Bibliothèque Nationale de France un déjeuner raffiné était servi à l’initiative des Champagnes Roederer pour fêter le lancement d’un magnifique livre retraçant l’histoire de Pichon Longueville Comtesse de Lalande, de son vignoble, et de ceux qui l’ont fait.
Quel est le lien entre la BNF, les Champagnes Roederer et Pichon Comtesse de Lalande ?
Pourquoi ce déjeuner dans cet endroit mythique?
La Maison Roederer est à la fois le mécène exclusif des fonds photographiques de la BNF et
depuis 2006 propriétaire de ce grand Cru Classé de Pauillac, donc le lieu était tout choisi.
Mais revenons au livre, héros du jour !
Lien entre la terre et l‘homme, la terre et tous les hommes, le vin irrésistible de Pichon est l’axe et la trame de ce livre, tout autant que les passions humaines qui l’ont animé.
Génération après génération, de passeur en passeuses, de 1685 à nos jours, c’est l’histoire d’un château, d’un vignoble, du Médoc en concentré, et de ces 3 familles.
Grandeurs mais aussi vicissitudes ont alterné pendant cette période.
Rappelons que ces grands crus reposent eux aussi comme tous les vins sur une plante qui est fragile. Aussi pour aller loin et faire la différence, cette plante a besoin de grandes personnalités.
Portraits donc de ces grandes figures visionnaires qui ont fait ce vin mythique et nous projettent dans l’histoire :
Pierre Rauzan, le fondateur qui a commencé dés 1686 à rassembler frénétiquement les terres autour de Pichon-Longueville qui dépendait à l’époque de la Seigneurie du Château Latour. Puis de 1717 à 1780, Thérèse Rauzan sa fille, future baronne de Pichon-Longueville par son mari Bernard de Pichon, Germaine de Lajus, Maria Branda de Terrefort, toutes trois ayant épousé un héritier des Pichon-Longueville.
Vient ensuite le Baron Joseph qui voit passer en 90 ans de vie trois révolutions, cinq rois, deux républiques et un empire. C’est Joseph qui hissera Pichon Longueville au rang de Second Cru.
Par son travail et ses choix, Joseph avait constitué en 70 ans un magnifique domaine de 50 ha de vignes. Il avantagea son fils en lui donnant une part plus importante qui devint Pichon Baron et attribua à chacune de ses 3 autres filles le reste. 10 ha pour chacune n’était pas suffisant, aussi Sophie l’aînée peintre élève de Gérard, et la ravissante Virginie, mariée au Comte de Lalande s’allièrent pour la vie et constituèrent en face de leur frère un domaine de 20 ha.
La 3ème sœur Gabrielle lègue en 1875 ses 10 ha à sa soeur survivante Virginie. Sa part rejoint celles de ses deux soeurs, mais elle ne lègue par définition qu'à celle qui est vivante. C’est ainsi que naquit Pichon Longueville Comtesse de Lalande que nous connaissons aujourd’hui.
En 1882, le vignoble est encore dans une période faste et les héritiers de Virginie tous de la famille des Lalande pouvaient penser avoir reçu une mine d’or.
Mais dés 1880, la crise ingrate s’installe dans le vignoble pendant une période d’une quarantaine d’années.
4 cercles de l’enfer sont à traverser : le phylloxera, le mildiou, la fraude et la guerre.
Le château est déserté, les vitraux cassés.
Le château est alors vendu en 1925 à deux jeunes entrepreneurs, les frères Louis et Edouard Miailhe.
Passif financier à gérer, crise de 29, désastreuses années 30 du point de vue climatique, 2nde guerre mondiale, occupation du Médoc, et hiver sibérien de 56…
Les frères Miailhe avaient en revanche compris que si la gestion d’un seul château était très risquée, celle de plusieurs par la même équipe pouvait se révéler rentable.
Propriétaires déjà de Siran à Margaux ils acquirent ainsi l’Ile Margaux, Palmer 3ème CC, Citran, Ducru Beaucaillou, 2ème CC, Pichon Longueville comtesse de Lalande, 2ème CC, et enfin Coufran. Jolie collection !
Leur courage et leur stratégie portèrent leurs fruits.
Par tirage au sort, en 1978, le destin alors désigna Madame May-Eliane de Lencquesaing, fille cadette d’Edouard, pour présider aux destinées de Pichon-Comtesse de Lalande. Elle lui donnera tout le rayonnement que l’on connaît.
Nous savons tous aujourd’hui dans quelles sphères sa passion, sa volonté, sa ténacité, son exigence et son esprit visionnaire ont hissé les vins de Pichon Longueville Comtesse de Lalande.
Que ce soit aux Etats-Unis, à Singapour, Taiwan, à travers le monde entier les collectionneurs s’arrachent ce nectar, référence la plus soyeuse du vignoble de Pauillac.
L’histoire ne s’arrête pas là, Pichon Longueville Comtesse de Lalande est désormais entre les mains de la famille Rouzaud du groupe de champagne Louis Roederer avec Frédéric Rouzaud.
Une nouvelle aventure commence !
Cet ouvrage de 200 pages rassemble donc les archives de Pichon Longueville Comtesse de Lalande conservées, quelle chance !, pendant 300 ans, malgré la révolution française, les guerres, l’occupation des Allemands, les successions, les nettoyages de printemps, et complétées par les archives de la BNF.
Ce livre est le fruit d’une collaboration étroite entre donc Madame de Lencquesaing qui dés 1980 s’est attelée à cette mission de rassembler ces très nombreux trésors familiaux et historiques conservés dans des boites en papier au grenier et le travail de recherche formidable fait par l’auteur de ce livre, David Haziot, pour une grande partie dans les archives de la BNF, dans sa salle préférée, la salle W !
Les fêtes de Noël approchent, je recommanderai ce livre passionnant à tout amateur de vin, de ce grand vin, ou amateur d’histoire.
Editions de La Martinière 38 €
Textes David Haziot - Photos Anne Garde
avec la participation de May-Eliane de Lencquesaing –
préface et notes de dégustation par Serena Sutcliffe
http://www.pichon-lalande.com/
Laurence de Terline
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