Quand une belle maison de Champagne, restée familiale depuis son origine, fête son deux-centième anniversaire, elle le fait tout naturellement... à Paris, sur une péniche, autour d'un magnifique menu élaboré par Pierre Gagnaire. Dans l'idée, tout en célébrant dignement l'événement, de démontrer que ses champagnes sont avant tout des vins, et qu'ils sont capables, à ce titre, d'accompagner tout un repas.
Des vins, certes, mais pas n'importe lesquels : il s'agissait là du très haut de gamme de la maison, la fameuse cuvée des Enchanteleurs, déclinée sur 4 millésimes, les 1995, 1988, 1989 et 1976.

Disons-le tout de suite, c'est curieusement le 1995 qui m'a le plus convaincu : belle longueur en bouche, remarquable nez brioché avec des notes de noisettes, le tout rehaussé par une belle fraîcheur. C'est indéniablement le vin à mettre sur table aujourd'hui. Un accord remarquable, qui supporte même l'asperge, servie ici en velouté et généralement rédhibitoire pour le vin.
Le 1988, m'a semblé plus jeune, plus vif que le 1995, moins fondu. L'occasion de le goûter et de l'apprécier, notamment pour sa vivacité et sa finesse, avec un coeur de cabillaud dont le moelleux (ainsi que celui du gras de seiche) répondait au vin de façon exceptionnelle. Ce vin peut et doit encore vieillir.
Le 1989 m'a paru moins élégant, plus épanoui, avec des arômes moins saillants (noisette, noix fraîche, etc.), quand le 1976 montrait assez bien la capacité des grands champagnes à vieillir.
Seul regret : le niveau de la Seine, rendu plutôt élevé par les pluies de ces derniers jours ne nous a pas permis de descendre le fleuve vers Notre-Dame, et nous avons dû remonter en direction de Billancourt.
Cette manifestation fait suite ou précède les célébrations de Tokyo, Londres, Melbourne, Sydney, Rome, New York... et peut-être Reims ?
Benoît Grandin pour l'Amateur
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