Non, André, on est ni morts, ni en RTT ! Mais il nous arrive parfois, à nous les journaleux, d’aller dans les vignobles à la rencontre des vignerons et de leur vins.
Et puis, comme il faisait beau ce week-end, je me suis dit que mon jardin apprécierait de voir mes petites mains le gratouiller !
La semaine dernière, c’était la 8° édition des Grands Jours de Bourgogne : une semaine de dégustations itinérantes couvrant toutes les appellations, du Nord au Sud. Vendredi et samedi, j’ai foncé au Château de Savigny : les Jeunes Talents y présentaient leurs vins. Je n’ai goûté que les 2004 (pour beaucoup la mise était récente et les vins encore tout chamboulés) mais je trouve le 2004 tellement plus intéressant que ce 2003 solaire et atypique.
Sur 50 domaines, 3 gros coups de cœur :
Damien Gachot (domaine Gachot Monot, à Corgoloin) le côté très direct du bonhomme m’a immédiatement plus : « je fais ce que je peux avec les moyens que j’ai, c’est-à-dire pas énormes » ses vins sont absolument délicieux c’est-à-dire fruités et gourmands avec ce côté très pinot, tout en finesse et en fraîcheur : des vins actuels avec une trame classique. Tout, du bourgogne passetoutgrain (4,2€ prix caviste) au nuits saint georges premier cru (18,6€), vaut le détour.
Épatants aussi les vins du domaine Les Champs de l’Abbaye, à Saint Sernin du Plan : un domaine en biodynamie où les vins présentaient une belle extraction de fruits et des tanins veloutés à souhait.
Dans un style différent, le domaine Jean Guiton, à Bligny-les-Beaune, m’a impressionnée. J’avoue que ce qui m’a d’abord attiré, ce sont les bouteilles avec leurs étiquettes modernes, colorées mais sobres, peu habituelles en Bourgogne. Le contenu était aussi réussi que le contenant. Guillaume Guiton affiche résolument sa modernité : les vins sont friands et tendres, au plaisir immédiat garanti, mais attention, rien à voir avec ces vins Bimbo qui vous fatiguent à peine le premier verre bu. Non, ils avaient aussi un fond de minéralité qui les tenaient et un élevage sous bois discret voire élégant. Ma préférence ? Le savigny-les-beaune village, avec ses 18 mois d’élevage (dont 20 % fût neuf) : il a tout, une chair fruité et savoureuse, des tanins serrés mais fins, et ce côté tendu et minéral en finale qui donne envie d’y revenir.
À noter aussi les vins de Pablo Chevrot, à Cheilly les Maranges : droits, structurés, sans concession, à l’image du vigneron qui a opté pour le bio. Parmi les autres, il y avait aussi de belles choses mais moins d’émotions. J’ai été frappée aussi par des expressions très végétales du pinot chez pas mal de vignerons présents, qui rendaient les vins peu avenants, durs et vulgaires.
Dans quelques jours, je pars à Bordeaux goûter les primeurs 2005, un marathon de deux semaines : crus classés et bien d’autres vins encore, toutes appellations confondues. Ma neuvième année de primeurs. Mais je crois bien que c’est la dernière car je doute de plus en plus de l’intérêt de goûter ces vins inachevés, souvent surextraits, aux tanins qui vous déchausseraient presque les dents et au boisé tellement écrasant à ce stade-là de l’élevage. Mieux vaut attendre une année de plus. Les 2004 goûtés récemment l’ont bien montré avec de sacrés différences par rapport aux mêmes goûtés en primeurs. À se demander si les vins étaient bien les mêmes !
Tout ça pour dire que dans quelques jours, j’aurais une petite pensée émue pour ces pinots « légers », tendres et délicats.
Pour terminer, je crois en effet, avoir dépassé les bornes l’autre jour, en mêlant Voltaire, le IIIème Reich. Promis Alain, je relirais son dictionnaire philosophique ! Quant à Mag, au sujet du livre « Je fais mon vin », je n’avais pas envisagé les choses sous cet angle-là et j’avoue que vos questions m’ont fait réfléchir, alors mea culpa !
Claire Brosse
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